• La coordination MAK des Ouadhias réinstallée

    OUADHIAS (Tamurt.info) – En conformité avec ses prérogatives de Président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), Bouaziz Aït-Chebib a procédé aujourd’hui à la réinstallation de la coordination MAK des Ouadhias.

    Le bureau de cette instance exécutive est ainsi composé : -Président = Sofiane Dad ; -Vice-président = Hakim Tilliki ; -Secrétaire à l’organique = Nassim Taleb ; -Sous-secrétaire à l’organique = Malik Fellak ; -Trésorier = Makhlouf Lami ; -Trésorier adjoint = Idir Slimani.

    Il est à relever également que fidèlement à ses habitudes pour pareil rendez-vous, le président du MAK a mis en avant, devant les militants, certaines réalités politiques, et ce, tant dans la sphère kabylo-algérienne et, au même temps, fait relever la dimension du MAK ainsi que ses objectifs.

    C’est effectivement suite à un constat sans concession à l’optimisme béat que Bouaziz Aït-Chebib a déclaré aux Ouadhias qu’ « aujourd’hui, il n’y a que le MAK qui reste sur le terrain face au pouvoir d’Alger ». « Ce constat, explique le premier responsable du MAK, est établi par nos adversaires. » Et tout en rendant un vibrant hommage à tous les militants du MAK, où qu’ils soient, pour leur volonté d’aller jusqu’au bout de leurs convictions, et qui, par cette même volonté que le MAK reste aujourd’hui la seule force d’opposition au régime colonial d’Alger, Bouaziz Aït-Chebib énoncera ensuite tous les acquis du MAK et, au même temps, énumérera les raisons responsables de certains de ses choix directionnels.

    Le Président du MAK reviendra effectivement sur le choix portant création du Gouvernement Provisoire Kabyle et le traçage de ses missions prioritaires. « Etant donné que notre mouvement est résolument pacifique et que de l’autre côté de la barrière un pouvoir qui fait sournoisement la sourde oreille aux revendications de la Kabylie, explicite Bouaziz Aït-Chebib, le Gouvernement Provisoire Kabyle, usant de son statut comme tel, a alors décidé d’internationaliser la question kabyle ».

    Le numéro un du MAK a ensuite énuméré certaines missions aux résultats éclatants à mettre au palmarès du Gouvernement Provisoire Kabyle à l’exemple de la sensibilité de bon nombre d’intellectuels à la question kabyle, des élus, toujours plus nombreux, à avoir inscrit le dossier kabyle au sein de leurs instances parlementaires respectives, etc, … Aux détracteurs du Gouvernement Provisoire Kabyle, lesquels prétendent qu’un gouvernement provisoire ne peut trouver sa légitime existence que dans une situation de guerre, Bouaziz Aït-CHebib leur répond : « Mais la Kabylie subit la guerre ! ». L’orateur signale également qu’à l’intérieur du pays kabyle, beaucoup de nos intellectuels et artistes se sont publiquement prononcés pour l’autodétermination du peuple kabyle. « Avec l’avènement du MAK, poursuit Bouaziz Aït-Chebib, le kabyle, quel que soit son statut, ne ressent plus ce mal frustratif de s’identifier comme un Kabyle ». « Les acquis du MAK sont nombreux, déclare l’orateur mais avertit qu’il faut cependant garder à l’évidence que beaucoup reste à faire pour atteindre l’objectif final.» Abordant ensuite certains rendez-vous à honorer à l’avenir, Bouaziz Aït-Chebib mettra surtout l’accent sur le prochain congrès du MAK, prévu pour le mois de décembre de l’année en cours ou janvier 20I6. Il dira que la candidature pour la direction sera ouverte à toutes les personnes intéressées par le poste.

    A l’ouverture du débat, le Président du MAK a été saisi d’abord sur sa propre lecture analyse politique qu’il a faite concernant les manifestations du 24 février dernier, plus exactement sur d’un côté, le meeting animé par Mustapha Mazouzi et Rachid Allouache et de l’autre la marche initiée par le RCD, MSP Djil Djadid et El Islah pour dénoncer le recours à l’exploitation du Gaz de schiste à In Salah. Bouaziz Aït-Chebib ne donnera de satisfecit ni à l’un ni à l’autre.

    Concernant la manifestation initiée par le Rassemblement Citoyen (meeting de Mustapha Mazzouzi et Rachid Allouache), le Président du MAK relèvera le paradoxe entre le fait de reconnaître que le pouvoir a trahi les dialoguistes en 2005 et qu’aujourd’hui encore on s’adresse à ce même pouvoir pour lui demander l’officialisation de tamazight. Concernant les marcheurs, Bouaziz Aït-Chebib leur reprochera de s’être mis dans une dynamique qui ne cadre ni avec l’urgence et la véritable problématique algérienne et ni – et surtout pas – avec la situation qui prévaut en Kabylie. « Tout d’abord, commence le numéro un du MAK, le choix de la la journée du 24 février prête à une arrière-pensée puisque cette journée symbolise en réalité le boumediènisme. Or, il est connu à présent la réalité de la nationalisation des hydrocarbures. C’est bel et bien effectivement la France, pour ses intérêts propres, a suggéré à Houari Boumediène cette nationalisation. Ensuite, tout le monde sait que Houari Boumediène était le bras armé de la France chargé de poursuivre l’opération de la liquidation physique de tous les révolutionnaires. N’est-ce pas que c’est Boumediène qui a assassiné Krim Belkacem ? Ils prétendent combattre le clan d’Oudjda alors qu’ils célèbre et glorifie l’un de ses sysmboles : Boukharaouba qui à la tête de l’ANP, a assassiné plus de 400 kabyle en 1963. Ensuite, ces manifestants ont mis un retard considérable pour « dénoncer » le recours à ce Gaz de schiste alors que la loi l’autorisant date de 20I3. En revanche, Ferhat Mehenni qui jouit réellement de l’honnêteté politique et intellectuelle a dénoncé cette loi juste au moment où l’on s’apprêtait à son élaboration. D’ailleurs, il a même adressé officiellement une lettre de protestation au chef d’Etat français. A cette époque, ceux qui prétendent marcher aujourd’hui pour dénoncer ce recours à l’exploitation de Gaz de schiste nous ont accusés de faire dans l’affabulation. Et il est encore clair qu’aujourd’hui, les initiateurs de cette marche visent en réalité d’autres objectifs car ce n’est sûrement pas le sort des populations de In salah qui les inquiète ».

    Le Président du MAK tournera d’abord en dérision les personnels politiques se réclamant de l’ « Algérie, une et indivisible ». « En effet, signale Bouaziz Aït-Chebib, sous d’autres cieux, ce sont les politiques qui sont à l’avant-garde ; ici en “Algérie”, ne réveillent de leur torpeur qu’une fois les populations se soulèvent et font un grand tapage sur le mal qui les rongent ou qui les agressent. C’est exactement le contraire qui se produit ailleurs qu’on voit ici chez les politiques de l’ « Algérie, une et indivisible ».

    Revenant à ses remarques concernant cette manifestation, Bouaziz Aït-Chebib trouvera anormal qu’à Tizi-Ouzou, les manifestants ont hissé les couleurs kabyles et inscrit leurs slogans en français sur les banderoles alors qu’à Béjaia, les slogans ont été entièrement inscrits en arabe sur les banderoles et, au même temps, personne n’a hissé le drapeau kabyle. La conclusion du premier responsable du MAK est sans appel : « Ils sont en train de faire le jeu du pouvoir qui consiste en premier lieu à présenter la Kabylie comme une région semblable aux autres régions d’Algérie, ensuite à « démontrer » que Vgayet fait partie de la Petite Kabylie et Tizi-Ouzou de la Grande Kabylie ». « Non et non ! », s’insurge Bouaziz Aït-Chebib. « Il n’y a pas de Petite Kabylie et Grande Kabylie ! Il n’y a que la Kabylie ! ». Le premier responsable du MAK reproche à « ces Kabyles partisans de l’ « Algérie, une et indivisible » de prétendre parler en kabyle et se comporter comme des Kabyles à Tizi-Ouzou alors qu’ailleurs, ils n’affichent ni un comportement kabyle ni oser parler le kabyle ».

    C’est ensuite sur l’affaire « Messali Hadj », le Président du MAK a affirmé que la Kabylie ne se sent pas en réalité concernée par ce faux débat car « en ce qui nous concerne, nous les Kabyles, nous n’avons pas attendu 20I5 pour savoir que Messali Hadj était un traître ; nous l’avons su dès l’année I948 lorsqu’il avait envoyé son mémorandum à l’ONU présentant l’Algérie comme un pays arabo-musulman ». « Toujours est-il bon, poursuit l’orateur, de signaler le paradoxe du FLN qui, d’un côté clame haut fort que Messali Hadj était un traître alors que le drapeau que lui-même a imaginé et élaboré (puisque c’est sa propre femme l’architecte), ce même FLN continue à s’y reconnaître ». « Logiquement, explicite encore Bouaziz Aït-Chebib, tout élément symbolisant ou rappelant le profil d’un traître doit être banni. Le MAK ne reconnaît et ne reconnaîtra que le drapeau Amazigh élaboré par l’académie berbère et le futur drapeau kabyle ».

    C’est sur ces éclaircissements que le rendez-vous des Ouadhias a pris fin.