Le Conseil National du MAK s’est réuni au village de Sahel pour faire le point sur la situation politique en Kabylie. En voici la déclaration finale.
Timanit i tmurt n Iqvayliyen
Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie
Le conseil national du MAK réuni en session ordinaire, fin décembre 2008, rend publique la déclaration suivante :
Le pouvoir algérien accentue sa politique d’appauvrissement économique de la Kabylie par la délocalisation des projets inscrits, le démantèlement ou l’assèchement du potentiel existant et le découragement de tout investisseur potentiel par un climat de terreur permanent qu’il entretient avec ses officines secrètes et les hordes islamistes qui conjuguent leurs forces à la sienne pour anéantir la résistance du peuple kabyle. Les kidnappings récurrents d’entrepreneurs pour rançon ne sont jamais élucidés. L’inertie des services de sécurité pourtant outrageusement présents dans toute la région est bien comprise par les criminels comme une neutralité complaisante à leur égard, et par la population tout simplement comme une complicité dans l’entreprise de déstructuration et d’anéantissement de la Kabylie et du peuple kabyle, voulue et planifiée par le régime.
En parallèle, le pouvoir se lance dans une campagne enragée d’islamisation et d’arabisation de la Kabylie. Le ministère de la religion vient de donner des chiffres éloquents relatifs à cette stratégie d’embrigadement et d’acculturation des Kabyles. Il affirme avec ostentation que la moitié des 15.000 mosquées d’Algérie se trouve dans le département de Tizi Ouzou. Il en est de même pour les zaouïas et les écoles coraniques. Mais au-delà des chiffres, le constat révèle effectivement qu’en Kabylie, en matière d’infrastructures, il y a plus de mosquées que d’écoles, plus de zaouïas que de lycées et plus d’écoles coraniques que de centres de formation professionnelle. On se rappelle qu’en août 2007, le premier ministre se rendant dans la Daïra d’Iferhounene qui lui demandait un budget pour la construction d’un hôpital répondait sans sourciller qu’il n’en avait que pour des instituts islamiques en Kabylie.
Pour étayer cette prétendue prédisposition à l’assimilation arabo-islamique des Kabyles, le ministère de la Culture et ses démembrements locaux se démènent pour polluer l’âme de notre première patrie par l’organisation de manifestations d’indigence culturelle à coups de milliards et qui n’intéressent aucun Kabyle digne de ce nom comme pour « la caravane des chevaliers du coran », ou « le festival de danse arabo-africain ». L’outrecuidance est poussée jusqu’à dévoyer de ses missions le Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques (CNRPAH), dirigé en d’autres temps par un certain Mouloud Mammeri, et lui faire assumer l’organisation d’un « colloque international sur le soufisme » à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, alors qu’il laisse volontairement à l’abandon les vestiges historiques anciens et ceux découverts tout récemment dans la région.
Dans sa haine du Kabyle, le pouvoir fait feu de tout bois. Outre l’appauvrissement économique et les tentatives d’abrutissement, des imams officiels initient régulièrement des schismes contre les Kabyles comme ce fut le cas récemment dans une mosquée de Bouzaréah. Ainsi, même pratiquant et fréquentant les lieux de culte, un Kabyle n’est pas considéré comme un musulman digne d’intégrer la oumma arabo-islamique. La même déconsidération est l’apanage permanent des élus kabyles qui siègent dans des assemblées officielles où il leur est interdit de parler leur langue.
Malgré tout cela, la Kabylie reste et restera debout. À travers sa longue histoire jalonnée d’agressions et d’occupations, elle a montré une résilience à toute épreuve. Dans celle qu’elle subit actuellement, elle s’en sortira aussi.
Le M.A.K. reste plus que jamais déterminé à œuvrer à la sauvegarde de la Kabylie grâce à la canalisation de toutes les énergies de ses enfants où qu’ils se trouvent.
À l’aube de la nouvelle année, le MAK appelle l’ensemble des Kabyles, où qu’ils soient, à célébrer dignement le 12 janvier 2009, Yennayer, un des événements fondateurs de l’histoire de toute l’Afrique du Nord. Notre mobilisation massive sera le prélude à la résurrection de notre patrimoine culturel et historique que le pouvoir algérien a voulu ravir et avilir en 2007 en lançant par provocation son bide culturel « Alger, capitale de la culture arabe » précisément en ce jour anniversaire.
Après avoir statufié le Parlement et le Sénat, diabolisé l’opposition, accaparé à son profit exclusif les médias publics, bâillonné la presse indépendante et modelé la constitution à sa guise, Bouteflika s’apprête à s’orchestrer un plébiscite sur mesure en avril 2009.
Sa mégalomanie vient de subir un premier revers à Vgayet à travers son comité de soutien composé d’une poignée de renégats qui a voulu lui organiser une marche de soutien et l’appeler à se présenter à la présidentielle. La population de Vgayet a su rendre avec brio la réponse idoine au mépris de Bouteflika envers les Kabyles.
Le M.A.K appelle les Kabyles de toutes les contrées à réserver à Bouteflika et à ses représentants le traitement que mérite son mépris et son arrogance.
Faisons de ce scrutin d’avril 2009 une occasion du renouveau kabyle en répondant par un boycottage intégral qui restera dans les annales de notre histoire récente.
Aseggwas ameggaz i Iqvayliyen d Imazi?en anda ma llan.
Kabylie, le 2 janvier 2009
Le Conseil National du MAK
Le président : Tayeb Mohand Larbi