• Grande caravane du MAK

    TIZI WEZZU (Tamurt.info) – Conformément à la décision arrêtée par le Conseil régional Tizi-Ouzou – Boumerdès (CRT.O B) au mois de novembre de l’année écoulée, la grande famille militante et patriotique du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), à bord de pas moins de huit voitures, a sillonné, le 03 janvier, le CW 37 ralliant le chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou à Tikobaïn, chef-lieu de commune et de daïra de Ouaguenoun, et ce en faisant un détour par le village d’Akaoudj, commune d’Aït-Aïssa-Mimoun, lieu où repose pour l’éternité Bessaoud Mohand-Arab, fondateur de l’académie berbère, créateur du drapeau amazigh et auteur de la mise à jour du calendrier berbère.

    Feu Mohand-Arab Bessaoud, enfant de Taguemount Lajdoudh, village des Ouadhias, était aussi officier de l’ALN d’abord avant d’endosser l’uniforme du combattant des forces de résistance du Front des Forces Socialistes (FFS). C’est par respect à l’exactitude historique et au respect des hommes de valeur que la famille militante et patriotique du MAK – chose qui fait naturellement partie de ses mœurs – a décidé de rendre hommage, comme chaque année d’ailleurs, à la mémoire de Mohand-Arab Bessaoud.

    C’est donc cette obligation morale qui a motivé les caravaniers à se rendre, pour une halte, au village historique d’Akaoudj. Une fois sur les lieux, les nombreux caravaniers ont été rejoints par de nombreux habitants d’Akaoudj et des villages alentours. Et tous ensemble, ils se sont dirigés vers la tombe du martyr.

    La cérémonie de recueillement fut traduite par le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe du défunt, l’observation d’une minute de silence et une prise de parole. Celle-ci fut du ressort de trois intervenants, en l’occurrence Samira Mehdi, poète de son état, Abdellah Haroun, représentant du CRT.0B et Bouaziz Aït-Chebib, Président du MAK.

    L’intervention de Samira Mehdi fut traduite par la récitation d’un poème. Quant Abdellah Haroun, il mettra l’accent sur les œuvres scientifiques de Mohand-Arab Bessaoud. Il citera même la dernière œuvre de l’enfant de Taguemount-Ledjdoudh intitulée « Petites gens pour la grande cause ou l’histoire de l’Académie berbère ». C’est également par fidélité au serment fait au défunt par le MAK qu’un hommage a été rendu à l’intellectuel et militant français des causes justes, Jacques Dunnet. Celui-ci, de l’aveu même de Mohand-Arab Bessaoud, fait de son vivant, a fait preuve d’une honnêteté et d’un courage intellectuels indiscutables en témoignant publiquement de l’authentique existence de la civilisation kabyle.

    Pour sa part, Bouaziz Aït-Chebib abondera également dans le même sens avec toutefois plus de détails quant au rôle politique du défunt. Le président du MAK apportera également des précisions sur les derniers événements ayant été facteurs responsables de la rentrée de l’exil de Mohand-Arab Bessaoud le premier d’août I997. « J’ai eu l’honneur, dira Bouaziz Aït-Chebib, d’être un membre fondateur du comité de soutien à Mohand-Arab Bessaoud lequel a été créé par les étudiants de l’université d’Alger en 1996 en collaboration de certains membres de l’académie berbère, à l’instar de Saïd Laïmchi et Smaïl Medjbeur. C’est aussi ce comité qui a rendu le premier un hommage à Mohand-Arab Bessaoud à l’occasion de la commémoration de la journée du 20 avril en 1996. Je note que les partis politiques ont boudé ce comité de soutien à Mohand-Arab Bessaoud. Toujours est-il que dans le cadre de cette manifestation qui eut lieu dans l’espace de la Cinémathèque d’Alger, c’est mon exposition qui fut l’expression d’hommage rendu à Mohand-Arab Bessaoud. Et c’est toujours avec mon exposition que nous avons accueilli Mohand-Arab Bessaoud dans son village de Taguemount-Ladjdoudh le premier août 1997 à l’issue de sa rentrée d’exil. Je me rappelle également qu’en cette journée du premier août 1997 à Taguemount-Ledjdoudh, seuls les chants de Ferhat M’henni ont été diffusés par l’équipe chargée de la diffusion des chants et musiques patriotiques, adéquats pour la circonstance ». « C’est également à cette occasion, poursuit le président du MAK sur un ton anecdotique, que j’ai rencontré pour la première fois le futur cadre et militant du MAK, Moh Taheccat, que je reverrai d’ailleurs qu’en 2008, soit onze années après ».

    En dépit d’un froid qui vous pénètre jusqu’à la moelle, la foule impact écouta religieusement ces témoignages faits sur l’homme qui a consacré toute sa vie à défendre le juste, mais, hélas, fut victime des démons de l’arabo-islamisme, dont justement les fondements reposent foncièrement sur le faux.

    Une fois que la manifestation toucha à sa fin, les caravaniers du MAK et les habitants d’Akoudj et des villages alentours se séparèrent. Ça été non sans grandes émotions chez les uns et les autres. La séparation eut lieu avec émotion certes, mais avec cependant la promesse de se retrouver tous ensemble pour la marche de Yennayer à Tizi-Ouzou.

    C’est ainsi que les caravaniers du MAK, drapeaux kabyles qui flottaient au vent à partir des toits des voitures se retrouvèrent à nouveau sur le CW 37 et prendre cette fois-ci la direction de Tikobaïn. Le chef-lieu de commune et daïra de Ouaguenoun est devenu à présent presque une mégalopole. Et lorsqu’on sait que les Ath-Ouaguenoun ont embrassé le MAK dès sa naissance, il serait donc superfétatoire que c’est une foule immense qui attendait les caravaniers.

    Dès les premières accolades qui eurent d’ailleurs lieu au pied même de la stèle Lounès Matoub, Bouaziz Aït-Chebib prit la parole où il résuma la situation politique du pays et en martelant les attentes de la nation kabyle, et ce après avoir pris le soin d’inviter d’abord l’assistance à s’incliner, en guise d’hommage, à la mémoire du martyr de Taourirt-Moussa (Ath-Douala).

    Ce discours, fort salué par les Ath-Ouaguenou, fut suivi naturellement par l’appel au rendez-vous du 12 de ce mois, c’est-à-dire lors de Yennayer. Cet appel fut lancé d’ailleurs par un habitant d’Ath-Ouagunoun.

    Notons enfin qu’avant de rejoindre le point de départ de la caravane à savoir le portail de l’université Hasnaoua, Bouaziz Aït-Chebib a pris le soin de distribuer à leurs nombreux titulaires les cartes nationales d’identité du MAK.

    Addenda : Agissant dans le cadre de la campagne d’affichage pour la marche de Yennayer à Tizi-Ouzou, les caravaniers du MAK, en se rendant à Akaoudj, ont d’abord marqué une halte à la gare routière de Timizart-Laghbar, où ils ont procédé au placardage des affiches sur les murs et autres panneaux indiqués à cet effet mentionnant l’appel pour la manifestation en question.

    A Tikobaïn, ce sont les habitants d’Ath-Ouaguenoun eux mêmes qui se sont chargés de l’exécution de cette mission. Et de retour à Tizi-Ouzou, les caravaniers du MAK se sont d’abord rendus à la gare d’Ath-Douala où ils ont poursuivi l’opération d’affichage aux fins d’informer les nombreux citoyens transitant par cette gare du grand rendez-vous prévu dans une semaine.

    Saïd Tissegouine