• Chadli-Nezzar : Confessions anti-kabyles

    TIMANIT I TMURT N IQVAYLIYEN
    MOUVEMENT POUR L’AUTONOMIE DE LA KABYLIE

    Antikabylisme du régime algérien : Les dignitaires se confessent
    Début décembre 2008, Chadli Bendjedid, président de la République de mars 1979 à janvier 1992, avoue que durant la guerre d’indépendance (1954-1962) et sous son autorité, la région dont il était originaire, El Tarf et Souk-Ahras, parce qu’elle n’était pas élevée au rang de Wilaya par le Congrès de la Soummam, ne se reconnaissait pas dans cet événement qui jeta les bases du futur Etat algérien au sommet duquel il sera porté, vingt trois ans plus tard. Mieux, la Base de l’Est comme il l’appelait se battait davantage pour sa reconnaissance par le GPRA à Tunis que contre les lignes françaises, ennemies. Mais là où il montre son anti-kabylisme qu’il étalait au grand jour quand il était au pouvoir, c’est quand il reconnait qu’il n’agréait pas la Plateforme de la Soummam « parce qu’elle n’insistait pas sur l’arabe et l’islam » ! Comprenez par là qu’elle était faite par des Kabyles, notamment Abane Ramdane et des Chaouis comme Ben Boulaid qui auraient escamoté l’identité arabo-islamique de l’Algérie. Nous savons tous comment il réprima la Kabylie durant tout son règne pour lui faire payer son berbérisme.

    Lui répondant dans une interview donnée au journal El Watan le 4 décembre 2008, le général à la retraite Khaled Nezzar, ancien commandant en chef des Forces terrestres de l’ANP, ancien ministre de la Défense et ancien membre du Haut Comité d’Etat (HCA) révèle – en pensant s’exonérer de toute culpabilité – la politique de répression anti kabyle menée par le régime algérien, à l’indépendance, puis sous le règne de Chadli. Ainsi, en 1962, Nezzar rapporte, que contrairement à Chadli, lui, il avait exécuté les ordres de Boumediene contre la Kabylie quand il écrit notamment : «c’était en 1962. Boumediène avait décidé d’engager deux axes de pénétration, l’un à partir de l’Ouest, l’autre à partir de Bou Saâda, dans le but d’enfoncer les lignes défensives organisées par les Wilayas III et IV visant à nous interdire tout accès vers la capitale. Plutôt que de négocier avec Krim Belkacem, après l’échec du congrès de Tripoli au lendemain des Accords d’Evian, c’est la prise de pouvoir par la violence qui fut choisie, notamment le massacre des dernières forces Kabyles que même l’armée d’élite française n’avait pu parvenir à anéantir après plus de sept ans de guerre d’indépendance.

    Le Général avoue que “des calculs étroits de pouvoir donnèrent à la mouvance islamiste, y compris ceux qui parlaient de guerre sainte, le loisir de prospérer en toute sécurité. Le souci de trouver un contrepoids au mouvement berbériste et au PAGS (Parti de l’Avant-Garde Socialiste), accusés d’être à l’origine des troubles, amènera les conseillers de Chadli Bendjedid à préconiser une alliance de fait avec les fondamentalistes (certains responsables du FLN y seront pour beaucoup). Le général Mejdoub Lakhal Ayat me disait à l’époque : ”Ils sont en train de combattre les berbéristes, mais le mal viendra des islamistes radicaux car ils se préparent à la violence.” Cette politique de terreur post indépendance menée contre les berbéristes en alliance avec les islamistes a été inaugurée dans le sang le 2 novembre 1982 à Tizi Uzebboudj (Ben Aknoun) lorsqu’une meute d’intégristes, encadrée et encouragée par des éléments de la Sécurité militaire a assassiné au sabre Kamal Amzal, un jeune étudiant kabyle de 20 ans, militant de la cause identitaire.

    L’aveu de M. Khaled Nezzar qui évoque au passage la similitude de point de vue d’un de ses pairs, le général Medjdoub Lakhal Ayat, sert à dire que l’Armée n’y est pour rien dans cette politique anti kabyle. Bien entendu, aucun Algérien ne peut croire une telle mystification puisque aussi bien hier qu’aujourd’hui, rien ne se fait sans l’Armée ou sans son aval du fait que c’est elle qui détient le véritable pouvoir en Algérie depuis le putsch de l’été 1962 contre le GPRA.

    Mais cette confession lapidaire de Khaled Nezzar est quand même la bienvenue au moment où toutes les victimes des dictatures fondent leurs espoirs dans l’émergence de plus en plus manifeste de la Justice internationale à travers la Cour Pénale Internationale.

    M. Khaled Nezzar, de par les fonctions qui furent les siennes durant des années, savait nécessairement tout et son silence équivaut complicité des assassinats et de toutes les exactions commises à l’encontre des militants kabyles de la cause identitaire; en particulier durant la répression massive en Kabylie lors des événements du Printemps berbère de 1980.

    Cette révélation d’un dignitaire du régime de ce rang est très grave. Elle rend compte de la responsabilité totale du pouvoir dans la décomposition de l’Algérie qui continue en s’accélérant aujourd’hui par le blocus économique et le quadrillage militaire imposés à la Kabylie. Si M. Nezzar veut faire pénitence maintenant qu’il le peut encore, son honneur militaire lui commanderait d’aller au fond des choses et nous dire quels étaient donc ces conseillers de Chadli et ces certains responsables du FLN dont il parle.

    Le MAK prend acte de cette preuve irréfutable de la politique anti kabyle du régime avouée par les dignitaires de premier rang du régime algérien et qui se perpétue en ce moment même. Il se donne le droit de l’utiliser auprès de toutes les instances nationales et internationales pour défendre l’intégrité physique et morale de la Kabylie et des Kabyles qui subissent un état d’exception intolérable de la part du pouvoir, depuis 1962.

    À l’endroit des Kabyles, le MAK réitère sa détermination à défendre leur honneur en toutes circonstances. Le combat de ses militants sur le terrain sera désormais systématiquement relayé par des actions auprès d’instances internationales pour réunir des preuves contre tous les gibiers potentiels de la CPI dans un avenir proche.

    Kabylie, le 8 décembre 2008