• Bouaziz Aït-Chebib chez les Ath-Ouaguenoun : “Le peuple kabyle, de par sa pensée et son ordre sociologique et politique, a toujours fait valoir le principe de la laïcité.”

    L’appel de Bouaziz Ait-Chebib est le suivant : « Je lance un appel solennel aux Kabyles d’agir et de réagir aux discours des imams prêchant à contre-sens des valeurs kabyles et de leurs missions légales. La mosquée est un lieu de culte et non une entreprise de propagande politique qui consiste à dépersonnaliser le peuple kabyle ! ».

    Poursuivant ses sorties sur le terrain pour réitérer aux citoyens kabyles qu’ils forment un peuple et que seule l’autodétermination peut les sauver de l’engloutissement dans le monde arabo-islamo-salafiste, le président du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), Bouaziz Aït-Chebib, s’est rendu hier, en début d’après-midi, chez les Ath-Ouaguenoun pour leur rappeler le message du MAK, et, faire le point sur la situation générale de la Kabylie face, notamment, aux derniers événements qui l’ont marquée et qui continuent de la marquer.

    Plus exactement, le premier responsable du MAK, à la tête d’une délégation composée de MM. Djamel Benzid, Chabane Mohamed, Djafar Khenane et Ahcène Medrouk, s’est rendu à Tikobaïn, chef-lieu de commune et daïra de Ouaguenoun pour animer une rencontre à laquelle ont pris part les cadres et militants de cette région citée et Makouda. Le coup d’envoi de cette rencontre fut traduit par l’observation d’une minute de silence à la mémoire de toutes celles et ceux qui ont donné leur vie pour la démocratie et l’honneur.

    Une fois cette obligation morale à l’endroit des Martyrs satisfaite, Bouaziz Ait Chebib a rendu un vibrant hommage aux habitants et aux militants des At wagnun : “qui ont fait abdiquer la gendarmerie algérienne durant ce mois de ramadhan pour défendre la liberté de conscience , un acte de bravoure qui doit servir d’exemple à l’ensemble du peuple Kabyle”.

    Ensuite , le président du MAK se lança dans l’histoire du peuple kabyle face aux différentes religions qu’on lui proposa ou qu’on tenta de lui imposer. Comme un spécialiste des sciences historiques, le président du MAK a réussi à prouver à l’assistance qui l’écoutait « religieusement » que le peuple kabyle, de par sa pensée et son ordre sociologique et politique, a toujours fait valoir le principe de la laïcité. Tout en mettant l’accent sur l’invasion arabe de l’Afrique du Nord justifiée officiellement par l’islam pour cacher le véritable objectif qui était de la conquête de nouvelles terres et de richesses, l’orateur a affirmé que la religion « ne fait pas partie de l’identité de l’individu » car la conviction religieuse est une affaire privée et non collective. « D’ailleurs, il n’y a qu’en Algérie que l’on considère que la religion (l’islam) constitue l’un des éléments de l’identité nationale », a complété le président du MAK.

    Avant de passer au sujet tant attendu et qui n’est autre que l’initiative citoyenne portant sur le regroupement des citoyens prévu pour le 03 du mois prochain au carrefour Lounès Matoub (Tizi-Ouzou), Bouaziz Aït-Chebib a encore rappelé que les Kabyles forment un peuple à part et que la Kabylie est bel et bien un pays et non une région comme tentent de le faire croire certains. Il a également rappelé à l’assistance que le MAK, depuis sa création à ce jour, a apporté de nombreux d’éclairages sur certains faits historiques qui, pour des raisons idéologiques, ont été maintenus dans le flou par le pouvoir d’Alger. Pour appuyer le bien-fondé de sa thèse, Bouaziz Aït-Chebib citera deux exemples en l’occurrence l’appellation et la création de l’Algérie et le cas de l’émir Abdelkader.

    Concernant le premier cas, l’orateur réaffirmera que cette appellation « Algérie », on la doit au général français Schneider et qui remonte historiquement à l’année I838.

    Concernant le second cas, le président du MAK sera plus prolixe et, par conséquent, plus explicite. En effet, il dira que c’est grâce au MAK que tout le monde sait aujourd’hui que l ‘émir Abdelkader a non seulement accepté la reddition, chose et qui n’est pas étonnante en soi puisque il a été vaincu militairement, mais il a accepté de s’allier avec la France et la défendit de toute son énergie. Toujours avec une parfaite maîtrise du verbe, l’orateur rappellera à l’assistance que l’émir Abdelkader condamna les mouvements insurrectionnels initiés par Cheikh Aheddath et Cheikh El-Mokrani. Bouaziz Aït-Chebib poursuit son discours en soulignant qu’en I870, début de la guerre franco-prussieenne, l’empereur prussien Bismark sait l’émir Abdelkader par le biais d’une correspondance en lui proposant une alliance militaire pour combattre l’ennemi commun : la France. « Dans sa réponse par écrit, assure le président du MAK, l’émir Abdelkader a averti son vis-à-vis, c’est-à-dire Bismark, que toucher à la France relèverait d’un sacrilège et que la malédiction frappera toute main qui se lèvera contre elle (la France ». Le président du MAK n’arrêtera pas sa critique vis-à-vis de l’émir Abderlkader à ces deux points. En effet, il dira encore que l’émir Abdelkader, après sa reddition, sera le panégyriste de la France puisqu’il dira d’elle qu’elle est porteuse de la civilisation et de la modernité et qu’elle symbolise la lumière et la justice.

    Bouaziz Aït-Chebib ne passera pas non plus sous silence la célèbre rencontre de l’émir Abdelkader avec les chefs de tribus kabyles. « L’émir Abdelkader, souligne le premier responsable du MAK, a fait commis l’indécence de proposer à ses interlocuteurs (les chefs de tribus kabyles) de placer la Kabylie entière sous le tutorat de son Mokadem qui avait sa résidence à Bouira ». « Devant cette attitude qui les offensés, les chefs de tribus kabyles lui ont répondu tout sèchement : « N’était-ce notre sens de l’hospitalité du fait que tu te trouves en ce moment sur nos terres, nous te donnerions une décharge de plomb sur la tête pour cette insulte » ». « Ainsi, conclut l’orateur sur ce chapitre précis, l’émir Abdelkader a eu le mépris pour la Kabylie au point de la considérer qu’elle ne méritait pas d’être sous son tutorat direct mais sous celui de son Mokadem ».

    Une fois ces explications ancrées dans l’esprit de l’assistance, le président du MAK aborda naturellement le volet relatif au grand rendez-vous du 03 août prochain lequel relève, rappelons-le, d’une initiative citoyenne. Bouaziz Aït-Chebib note d’emblée que contrairement à ce qu’a été rapporté par le journal Algérie Patriotique lequel est géré par le fils du général Tewfik et le fils du général à la retraite, Khaled Nezzar, ce n’est pas le MAK qui a appelé à cette action à inscrite pourtant au registre de la lutte contre le diktat de l’Etat inquisiteur d’Alger et ses relais Salafistes. Le président du MAK a cependant parfaitement cautionné à titre individuel cette rencontre qu’il a qualifiée de « fraternelle ». De même, il a affirmé que parmi celles et ceux qui ont souscrit à cette démarche figurent des personnalités de tous les horizons. « Même des musulmans pratiquants ont encouragé cette démarche et seront présents au carrefour Lounès Matoub le jour « J » », a explicité l’orateur avant de cibler avec des mots d’une violence inouïe le pouvoir d’Alger et « ses relais salafistes ». « Pourquoi donc, ces imams salafistes ferment les yeux et se bouchent les oreilles à l’émeri devant les cas de kidnappings en Kabylie, la corruption et les détournements qui ont gangrené le pays ? », s’insurge Bouaziz Aït-Chebib. Et de fil en aiguille, le président du MAK a « prouvé » la corrélation intime entre le pouvoir d’Alger et ces groupes salafistes qui empoisonnent la Kabylie. Selon l’orateur, les Salafistes ne remettent pas en cause le régime d’Alger. « C’est pourquoi, lâche Bouaziz Aït-Chebib, ces Salafistes sont encouragés dans leur entreprise de destruction de la Kabylie ». C’est ainsi que le premier responsable du MAK fut emmené à dénoncer la décision du premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, laquelle consiste à octroyer une enveloppe d’un montant de 09 milliards de centimes pour la construction d’une mosquée à Aghribs. Revenant aux imams qui font des prêches incendiaires en Kabylie et contre la Kabylie, à l’instar de l’imam d’Azeffoun, le président du MAK les a non seulement qualifiés de « dangereux » car l’objectif recherché est de diviser les Kabyles mais averti aussi les fidèles à faire preuve de vigilance devant les prêches contraires valeurs qui fondent la Kabylie depuis des millénaires. L’appel de Bouaziz Ait-Chebib est le suivant : « Je lance un appel solennel aux Kabyles d’agir et de réagir aux discours des imams prêchant à contre-sens des valeurs kabyles et de leurs missions légales. La mosquée est lieu de culte et non une entreprise de propagande politique qui consiste à dépersonnaliser le peuple kabyle ! ». Revenant, encore une fois, sur le la rencontre du carrefour Lounès Matoub, le président du MAK a clamé haut et fort que la présence citoyenne doit être nombreuse et remarquée et remarquable car « il est temps que la peur change de camp ».

    Il a également déclaré que la Kabylie se trouve désormais devant une alternative. Un : s’affranchir du diktat qu’elle subit. Deux : elle verra son propre enterrement. Notons également que les pressions pesant sur les cadres et militants du MAK sont passées en revue. Ces pressions sont dictées par le pouvoir d’Alger par le biais des services de sécurité. Les questions posées souvent aux cadres et militants du MAK ont trait à leurs fonctions au sein du MAK, leurs relations avec Bouaziz Aït-Chebib, leurs convictions religieuses etc. En dernier, il y a lieu de signaler qu’avant de déclarer la fin de la rencontre, Bouaziz Aït-Chebib a, au nom de toute la famille militante et patriotique et du MAK, condamné avec « la plus grande fermeté l’assassinat du député tunisien, Mohamed Brahmi, par les hordes islamistes ». De même, le président du MAK a rassuré le peuple tunisien, qui reste attaché aux valeurs de la démocratie et de la modernité, de la sympathie indéfectible du peuple kabyle.

    Said Tissegouine