Revenant à la situation actuelle, le numéro un du MAK criera que « c’est à nous qu’échoit la mission de poursuivre le combat de nos aînés dont Krim Belkacem, le colonel Amirouche, (…) ». Bouaziz Aït-Chebib conclura son intervention par « l’autodétermination de la Kabylie comme impérative et seule voie possible au peuple kabyle ».
Ils étaient aujourd’hui des dizaines de Kabyles, des deux sexes et de tous les âges, à Ifri-Ouzellaguen, plus précisément à Tazka qui a abrité, il y a de cela exactement 57 ans, le congrès du Front de Libération Nationale (FLN), connu sous l’appellation de « Congrès de la Soummam ».
Parmi ces « pèlerins », figuraient aussi et naturellement en grand nombre les membres de la famille militante et patriotique du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), à leur tête, Bouaziz Aït-Chebib. Par l’exigence de la déontologie journalistique d’abord, vérité historique ensuite, nous signalons que les propos tenus tout au long de la manifestation qui a duré plusieurs heures sont tous prononcés en kabyle. Pas un mot de français ou d’arabe n’a été entendu de notre part. Ceci renseigne aisément que ces milliers de « pèlerins » sont des citoyens kabyles et ceux pour qui ils étaient venus rendre hommage, c’est-à-dire les architectes et les paternels du congrès de la Soummam sont kabyles.
D’ailleurs, le président du MAK ne manquera pas de le souligner lors du petit discours qu’il prononcera devant une foule nombreuse devant l’historique et célébrissime tazka. Avec son franc-parler habituel, le président du MAK reconstituera le congrès de la Soummam dans son véritable et authentique contexte ; à savoir ses stipulations d’une Algérie moderne, laïque, démocratique et d’une diversité linguistique et culturelle.
Sur ce même chapitre, Bouaziz Aït-Chebib rappellera crûment les raisons qui ont fait que le congrès de la Soummam a toujours été honni et rejeté par certains Algériens. Ces Algériens ayant refusé d’adhérer à ce congrès de la Soummam, selon le premier responsable du MAK, sont entre autres Ahmed Ben Bella, Ali Kafi. Puisant dans son glossaire d’histoire, Bouaziz Aït-Chebib citera également le Groupe d’Oudjda comme étant « farouchement hostile au congrès de la Soummam ». De même, le premier responsable du MAK criera tout haut ce que beaucoup de hauts responsables algériens savent depuis longtemps : Abane Ramdane et Krim Belkacem ont été assassiné, le premier cité en 1957 et le second en 1970, à cause de leur implication dans « ce congrès de la Soummam ».
Le premier responsable du MAK ne se limitera pas à ces révélations. En effet, il précisera que l’opposition de deux projets de société ont émaillé la guerre d’indépendance de l’Algérie. Le premier portait sur celui d’une Algérie arabo-islamiste et le second, c’est-à-dire celui élaboré et consacré par le congrès de la Soummam, portait sur une Algérie plurielle et moderne. Bouaziz Aït-Chebib remontera même en amont de la guerre d’indépendance en affirmant que « Messali Hadj, principal défenseur de la thèse d’une « Algérie arabo-islamiste » avait pour maître de pensée et conseiller le co-fondateur du baâthisme, Chakib Arslane (Chakib Arslane est Oriental) ». « Messali Hadj, poursuit le président du MAK, entendait de la bouche de Chakib Arslane que « la vraie problématique à une Algérie arabe et islamique n’était pas française mais bel et bien kabyle dès lors que les Français étaient nouveaux en Algérie alors que les Kabyles étaient des autochtones. Et par conséquent, considérer le Kabyle plus ennemi et plus dangereux que le Français » ».
Revenant à la situation actuelle, le numéro un du MAK criera que « c’est à nous qu’échoit la mission de poursuivre le combat de nos aînés dont Krim Belkacem, le colonel Amirouche, (…) ». Bouaziz Aït-Chebib conclura son intervention par « l’autodétermination de la Kabylie comme impérative et seule voie possible au peuple kabyle ».
Notons enfin que dès le début d’intervention du président du MAK, le cercle de l’assistance ne cessait de s’agrandir à tel point que les autres points de l’espace qui a abrité le congrès le 20 août 1956 ont été « négligés ». Par ailleurs, à la fin du discours, plusieurs voix ont chuchoté : « Dieu merci, la Kabylie est encore debout ».
C’est sur ce aussi que la délégation du MAK, conduite par Bouaziz Aït-Chebib et Razik Zwawi, Secrétaire National du MAK à la défense et à la promotion de la langue et la culture kabyles, alla jusqu’à la stèle pour y déposer la gerbe de fleurs et s’y recueillir à la mémoire des martyrs. Il serait superfétatoire de noter que la cérémonie de recueillement à la mémoire des martyrs de la guerre d’indépendance a été fort émouvante.
Saïd Tissegouine